Une journée impressionniste à Giverny

Cet été 2020, j’ai, comme beaucoup d’entre nous, profité de la quasi absence de touristes pour visiter, au calme, les endroits dont il est, d’ordinaire, difficile d’apprécier la magie au milieu d’une foule trop compacte.

Quand on évoque Giverny, magnifique petit village de l’Eure, au confluent de la Seine et de l’Epte, on pense, bien évidemment, à la maison et aux jardins de son plus illustre habitant : Claude Monet. Mais, en dehors de cet incontournable, on peut y passer une journée complète. Vous me suivez ?

Giverny et moi, c’est une longue histoire, qui remonte à mon adolescence lorsqu’en feuilletant un Figaro Magazine, en 1980, je suis tombée sur l’article, qui annonçait l’ouverture au public de la maison et des jardins de Claude Monet. Allez savoir pourquoi, les photos de l’intérieur, la salle à manger jaune, la cuisine bleue et blanche, m’ont fascinée, tout autant que les jardins, et je rêvais d’y aller.

La vie a fait qu’il a fallu que j’attende 2002 pour découvrir enfin cet endroit, profitant d’un des ponts du mois de mai.

Pour cette première fois, comme nous y étions allés dès l’ouverture, c’est quand nous sommes partis, environ 2 h plus tard, que les premiers cars de touristes se garaient devant. Si on veut profiter pleinement de la visite, dans un lieu qui n’a pas été prévu pour accueillir des cars de touristes, contrairement aux musées, le mieux est d’y arriver le plus tôt possible.

Voilà pourquoi nous avons profité perfidement de cet été 2020 pour y retourner…

Donc, billets réservés sur internet quelques jours auparavant et, samedi, direction Giverny, 65 km de Paris par la route (A13 ou Nationale 15, comme nous), ou en train (40 à 60 mn) depuis la gare Saint Lazare jusqu’à la gare de Vernon-Giverny puis navette (4 km).

Arrivés à Giverny « Parking obligatoire gratuit » ; c’est moi où obligatoire et gratuit sont rarement accolés dans notre beau pays ?

Deuxième lieu le plus visité de Normandie, juste après le Mont Saint Michel, c’est un joli village fleuri auquel Claude Monet apporta une renommée internationale, aidé en cela par de nombreux autres impressionnistes, américains (Metcalf, Robinson, Bunker, entre autres)  et français, qu’il entraîna et qui s’y installèrent, définitivement ou temporairement, pour le peindre sous tous ses angles.

la rue principale, la rue Claude Monet bien sûr, et à gauche, « Aux Gourmandises de Giverny » dont je vous parle à la fin de l’article

Après une promenade dans les petites rues, on empreinte la rue Claude Monet, pleine de trésors, dont le fameux Hôtel BAUDY, aujourd’hui restaurant-musée où se réunissaient les amis de Monet : Metcalf (le découvreur du lieu ), Cézanne, Rodin, Mary Cassatt, Sisley, Renoir, etc. :

avant d’arriver, à l’église Sainte-Radegonde où se trouve « le Dolmen », pierre réputée soigner les maladies de peau :

pour terminer par le cimetière où le peintre repose, entouré de sa nombreuse famille :

la tombe de la famille HOSCHEDE-MONET

FONDATION CLAUDE MONET :

Il vous en  coûtera 10,50 € par personne, 6,50 € pour les enfants et étudiants, pour la maison et les jardins.

La Maison :

Claude Monet commença par louer, de 1883 à 1890, une petite maison au crépis rose « la maison du pressoir ». Il peint les volets en vert, commença à transformer le jardin,  construire des serres puis, dans un jardin acheté en face, creuser un étang (en détournant un bras de l’Epte), construire le pont japonais et acheter, enfin, la maison (à laquelle il donnera la taille actuelle : 40 m de long), et les jardins attenants « le Clos Normand » (verger et potager), en 1890.

Il y vécu de 1883 à sa mort, en 1926.

On entre par le salon-atelier où figure un grand nombre des 60 fausses toiles accrochées aux murs de la maison, aux endroits même où étaient les originaux (grâce aux photos d’époque), maintenant disséminés dans les plus grands musées du monde (passez la souris sur les photos pour les légendes) :

La cuisine :

Amateur de bonne chair à la tête d’une grande famille recomposée (8 enfants en tout), Monet a lui-même choisi la faïence bleue qui recouvre les murs de cette cuisine qui impressionne par tout le matériel digne des chefs de l’époque. Claude et Alice Monet y reproduisaient les recettes qu’ils avaient compilé dans des carnets, après les avoir appréciées chez leurs amis où dans les nombreux restaurants qu’ils visitaient. On y trouve une recette de girolles signée de Mallarmé, une palette de porc de Guitry, une bouillabaisse de morue de Cézanne, entre autres. Le potager, les arbres fruitiers, le poulailler fournissaient la famille et les nombreux, et souvent illustres, invités du couple.

Attenante au petit salon bleu du rez-de-chaussée, une entrée transformée : « l’Epicerie », où, comme son nom l’indique était entreposés divers produits, dont les huiles d’olives, épices, thés etc. et les oeufs  :

La salle à manger :

Quand on fait, dans une grande et belle cuisine, de magnifiques repas pour de nombreux convives, la suite logique, c’est une grande salle à manger et, quand on est un peintre, la couleur et la lumière sont très importantes. Le jaune a donc été choisi, pour les murs, mais plus audacieux pour l’époque, pour les meubles, afin d’illuminer la pièce et servir d’écrin à une grande partie de la collection d’estampes japonaises (il y en a en tout 211 visibles dans la maison, sur les 241 de la collection).

Les chambres :

Situées à l’étage, on ne peut en visiter que trois : celle du maître de maison, qui était également sa galerie privée, constituée d’oeuvres (à l’époque originales, maintenant copies) de Corot, Delacroix, Fantin-Latour, Pissaro, Manet, Sisley, Renoir, Morisot, Cézanne, Rodin, Jongkind, Degas, Manet, Signac, Chéret, Sargent et Boudin, son maître   :

celles de son épouse, Alice, et de sa belle-fille Blanche, peintre et assistante de Claude, qui fût aussi celle qui mit tout en oeuvre pour préserver les lieux de 1927 à 1947, notamment lors de l’occupation de Giverny par les allemands :

Face à la chambre d’Alice, la petite pièce où elle effectuait sa couture :

Les Jardins :

Beaucoup d’inspiration japonaise dans ces jardins ; la passion du peintre pour les estampes y est sans doute pour beaucoup. C’est, aidé par ses amis Georges Truffaut (oui, les jardineries…), Octave Mirbaut et Gustave Caillebotte, qu’il les conçoit et aménage.

Jardin d’Eau :

Une route (une voie de chemin de fer au moment de l’achat),  sépare la maison du Jardin d’Eau où se trouvent les fameux bassin aux nymphéas et pont japonais, encadrés de bambous, gingko biloba, érables, pivoines du Japon, etc. ..

Monet, qui avouait avoir choisi les fleurs un peu au hasard, sur un catalogue, était si fier de ce jardin, auquel se dévouait un jardinier à plein temps, qu’il y recevait de nombreux invités.

Si ce jardin fût une source inépuisable d’inspiration, les nymphéas, dont le peintre était tombé amoureux au point de faire creuser l’étang pour leur servir d’écrin, sont, à eux seuls, représentés sur environ 250 tableaux, visibles dans les musées du monde entier et, à Paris, à ceux de l’Orangerie, Orsay et Marmottan-Monet.

Le Clos Normand :

Ce jardin d’un hectare, attenant à la maison, était à l’origine constitué d’une pommeraie et d’un potager. Claude Monet commença sa transformation, lorsqu’il était locataire de la maison, en arrachant les buis, coupant les épicéas (ce qui entraîna quelques disputes avec son épouse, Alice, qui les adorait) pour les remplacer par des arceaux métalliques, remplaçant les pommiers par des cerisiers et abricotiers du Japon et plantant des milliers de fleurs, choisies pour offrir, chaque mois, un spectacle différent, d’où la publication du calendrier des floraisons.

On termine la visite par la boutique, l’ancien atelier où Monet a peint Les Nymphéas, séries d’oeuvres sur ce thème obsessionnel, dont il décida d’offrir en 1922, à l’Etat Français, les immenses panneaux décoratifs visibles au musée de l’Orangerie à Paris.

LE MUSEE DES IMPRESSIONNISMES :

Créé en 2009, le  Musée des Impressionnismes prit la suite du Musée d’Art Américain. On y découvre des oeuvres impressionnistes bien sûr mais également néo et post-impressionnistes  :

des photos, et des artistes contemporains tels qu’Hiramatsu REIJI qui réinterpréta, à la japonaise, les Nymphéas. J’ai eu un vrai coup de foudre pour ses oeuvres :

Si la visite du musée s’effectue en 45 mn environ, on peut également profiter de ses jardins, de son restaurant et de sa bibliothèque (3000 ouvrages ainsi que de nombreuses archives).

L’entrée adulte vous coûtera 5 €.

SE RESTAURER :

Quelques restaurants remarqués, dont La Musardière  (hôtel restaurant aux cadre et parc magnifiques) ; La Guinguette (pour déguster des frites maison au bord de l’eau) ;  Aux Gourmandises de Giverny  un salon de thé-boutique qui rend hommage au couple Monet et à ses recettes,

Enfin, si vous avez suivi Top Chef 2020, vous savez que le gagnant, David Gallienne est le chef  propriétaire de l’hôtel-restaurant Le Jardin des Plumes (1 étoile au restaurant). Son food-truck, « Picorette », installé sur le parking des cars, en face de la maison de Claude Monet, vous permettra de picorer un pique-nique étoilé.

Le menu de Picorette : wrap (qui ne colle pas au palais) au poulet fermier, chou Paris Brest (à tomber), cidre artisanal normand

Que vous ayez acheté ce pique-nique ou que vous soyez venu avec, quel meilleur endroit pour le déguster qu’au bord de l’eau, près du buste de Claude Monet dont l’emplacement choisi par Daniel Goupil, le sculpteur, est à l’endroit même où le peintre se tenait pour réaliser sa série « Prairie aux Peupliers » ?

Bronze de Daniel Goupil (2004)

S’il vous reste un petit peu de temps après une journée bien remplie, le Musée de Mécanique Naturelle (entrée gratuite) vous ouvrira ses portes :

J’espère que cette visite virtuelle chez les Impressionnistes vous a plu et vous a donné envie d’aller, ou de retourner à Giverny (souvenez-vous, les fleurs, et donc la palette de couleurs, sont différentes chaque mois).

Au revoir M. Monet.

« En dehors de la peinture et du jardinage, je ne suis bon à rien » Claude MONET

 

 

No Comments Yet

Leave a Reply